Quel est le traitement de l'uvéite syphilitique ?

L’uvéite syphilitique est une atteinte grave de la syphilis, une infection causée par la bactérie Treponema pallidum. Cette maladie sexuellement transmissible peut se manifester par de multiples atteintes systémiques, mais l’atteinte oculaire fait partie des formes les plus redoutées car elle menace directement la vision. Chez le patient, l’uvéite peut se présenter sous forme antérieure, postérieure ou toucher l’ensemble du globe oculaire, on parle alors de panuvéite. Le diagnostic et le traitement précoces sont essentiels pour limiter les séquelles irréversibles.

Pourquoi traiter toute uvéite syphilitique postérieure comme une neurosyphilis

Dès qu’une atteinte oculaire postérieure (papillite ou choroidite) est identifiée dans la syphilis, les recommandations internationales considèrent que la situation équivaut à une neurosyphilis, même si l’analyse du liquide céphalorachidien paraît normale. En effet, l’œil est une extension du système nerveux central. Toute inflammation intraoculaire d’origine syphilitique doit donc bénéficier du protocole le plus complet afin d’assurer une guérion de l’infection.

Cela signifie que, quel que soit le type d’atteinte (uvéite antérieure, postérieure, ou panuvéite), le traitement doit être standardisé et puissant. Cette prise en charge concerne aussi bien les formes isolées que celles associées à d’autres manifestations systémiques de la maladie secondaire.

La pénicilline G intraveineuse : traitement de référence

Le cœur de la prise en charge repose sur la pénicilline G, antibiotique historique et toujours le plus efficace contre Treponema pallidum.

Chez le patient, une prise en charge rapide augmente considérablement les chances de récupération visuelle. À l’inverse, un retard expose à des séquelles définitives, notamment au niveau rétinien ou du nerf optique.

Alternatives en cas d’allergie à la pénicilline

Chez les patients ayant une allergie confirmée :

  • L’alternative validée est la ceftriaxone

  • Dans certaines situations particulières (grossesse, formes sévères), la désensibilisation à la pénicilline reste la stratégie de choix, car elle permet d’administrer le traitement de référence.

  • D’autres antibiotiques comme la doxycycline peuvent être utilisés en dernier recours, mais leur efficacité est inconstante dans les atteintes oculaires ou neurologiques.

La corticothérapie : un adjuvant utile mais jamais seul

L’instauration du traitement antibiotique peut déclencher une réaction inflammatoire brutale, appelée réaction de Jarisch–Herxheimer, pouvant aggraver transitoirement l’inflammation oculaire.

Pour contrôler cette réaction :

  • Le recours à une corticothérapie générale (prednisone orale) est débattu

  • des collyres ou injections locales peuvent compléter la prise en charge dans les formes antérieures,

  • ⚠️ les corticoïdes seuls ne doivent jamais être prescrits : ils masquent l’infection sans l’éliminer.

Suivi après traitement : sécuriser la guérison

La réussite thérapeutique ne se limite pas à la cure intraveineuse.

  • Suivi sérologique

  • Suivi ophtalmologique : indispensable pour vérifier la disparition de l’inflammation, dépister les complications comme le glaucome secondaire ou les cicatrices rétiniennes.

  • Cas particuliers : chez les patients vivant avec le VIH, le suivi doit être encore plus rapproché, car l’atteinte oculaire est souvent plus sévère et la réponse immunitaire moins efficace.

Points clés à retenir

  • Toute uvéite syphilitique postérieure doit être considérée comme une neurosyphilis.

  • Le traitement de première intention reste la pénicilline G intraveineuse

  • La ceftriaxone 2 g/jour est l’alternative en cas d’allergie

  • Le patient doit bénéficier d’un suivi sérologique et ophtalmologique régulier, en particulier s’il est porteur du VIH.

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